Avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams...
Nationalité : américaine
Genre : "Le temps sera le maître de ce lui qui n'a pas de maître" proverbe arabe.
Durée : 2h17
Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le
Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient
difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre
Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement
nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...
Critique de Mr. H' :
Attendu comme l’un des meilleurs
films de l’année, The Master de Paul Thomas Anderson
déroute par le paradoxe entre le fond et la forme. La beauté
exceptionnelle du film contraste en effet avec un scénario assez peu
intéressant et manquant cruellement de rythme.
Que faut-il donc pour faire un grand,
voire un très grand film ? C’est la principale énigme
éternelle d’ailleurs) posée à la sortie des 2h17 de The Master.
Suffit-il d’une grande mise en scène et d’une direction
d’acteurs magistrale pour pouvoir affirmer que le film d’Anderson
est un chef d’œuvre ? Non. Le scénario manque de souffle,
d’emballement, et les longueurs inévitables qui en découlent
nuisent à l’intérêt du film.
Pourtant le pitch de départ semblait
prometteur. L’histoire de la relation complexe entre un vétéran
brisé de la 2nde Guerre Mondiale (Joaquin Phoenix) et un
gourou (Philippe Seymour Hoffman) inspiré de Ron Hubbard, le
créateur de l’Eglise de scientologie. Les thèmes traités par
Anderson sont variés : le rapport de domination entre les deux
hommes, la fascination et l’emprise, les solitudes respectives du
gourou, détesté par son fils, et du soldat se refugiant
désespérément. Oui…mais tout ça manque de rythme !
Heureusement l’essentiel est
ailleurs. Le réalisateur de Magnolia (2000) et de There
will be blood (2008) signe une pure merveille visuelle. Devant la
beauté des images de Mihai Malaimare (directeur de la photo et
collaborateur régulier de Coppola), le spectateur ne peut que
s’agenouiller et dire « Oui Monsieur. Merci Monsieur. Au
revoir Monsieur !». L’association entre une mise en scène
éblouissante et le rendu des images procure une jouissance mes amis,
une jouissance qui me rappelle le souvenir d’une fameuse nuit avec
Véronique Genest ! La séquence centrale de la moto dans le
désert ou le dialogue Phoenix-Hoffmann en champ/contre-champ lors
de la première séance de psychanalyse sont autant d’exemples d’un
talent de cinéaste exceptionnel.
Reste les acteurs… deux grosses
claques, un aller-retour Phoenix-Hoffmann dans ta face, c’est du
tout cuit ! Sublimés sous la direction de P.T Anderson, Joaquin
et Philippe se révèlent d’une brillante justesse. Ils s’opposent
alors tant au niveau du registre de jeu qu’en terme de poids (la
maigreur de Phoenix face au rondouillard Hoffmann)
The Master déroute, questionne
mais ébloui. Le film souffre d’un scénario lent, long et étriqué
et pourtant on ressort en ayant conscience d’avoir probablement peu
de films comme cela à se mettre sous la dent et c’est bien
regrettable !
Critique de Kaal :
Bien, bien, bien... je peux vous dire que ce n'est vraiment pas simple de donner un avis clair et sensé pour The Master, surtout que je suis complètement d'accord avec mon cher collègue, Mr. H'. Je vais vous donner un ressenti plutôt qu'une analyse. Disons surtout que j'ai la flemme.
J'ai globalement apprécié ce nouveau
métrage de Paul Thomas Anderson, un cinéaste que j'apprécie pour
l'ensemble de son taf. C'est pas un gland le bougre et il le prouve une
nouvelle fois par une réalisation non seulement propre mais aussi
originale alternant divers types de caméras ainsi que de cadrages. A ce
niveau-là, on peut que saluer le travail. L'histoire qu'il développe est
tout aussi intéressante car elle traite d'un pauvre gars dépendant à
je-ne-sais-vraiment-quoi-mais-ça-a-pas-l'air-très-bon qui erre de
patelin en patelin se prenant des coups de pied au cul par milliers.
Bref, c'est un déchet. Par chance (ou pas vraiment), il tombe sur un
illuminé qui devient son maître à penser voire à agir. Leur relation est
excellement bien jouée par le duo détonnant formé de Joaquin Phoenix
(un revenant qui joue presque son propre rôle) et le formidable Philip
Seymour Hoffman. On y croit et on en redemande surtout après leur
échange au tac-au-tac quand ce dernier fait passer un test de
personnalité au premier. C'est juste affolant ! Les autres acteurs sont
aussi bons, mais totalement écrasés par le talent des deux principaux,
pourtant Amy Adams essaye tant bien que mal de sortir la tête du
terrier, mais il n'y a rien à faire. Ils sont trop loin.
Problème, ce
film est long. Trèèèèès long. Enfin, disons que ça passe pas vite et on
aimerait que ça pète plus. On se demande au bout d'un moment : "Mais où
vas-tu Paulo ?" Cela se rapproche plus au délire psychologique qu'à une
critique de la société ou de la manipulation (ce que j'espérais). On s'y
perd, ou plutôt il nous perd dans les tortures mentales infligées du
Maître au Serviteur. Malgré des réflexions non dénuées d'intérêt, on
peine à s'accrocher au wagon. Dommage sur ce dernier point qui passe
pour une preuve de prétention de la part du cinéaste.
Un petit côté Omar Sharif pour le coup.
Et Amy elle sent le pâté ?
RépondreSupprimeryep j'ai pas mis tout ce que je voulais. Tu l'as vu Roxy?
SupprimerNon :(
RépondreSupprimerRha la déception. J'en attendais beaucoup personnellement. Peut-être trop. La mise en scène et les acteurs, deux grosses claques en effet, mais vraiment dommage que le récit soit si brumeux et quelque part vachement m'as-tu-vu.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi sur un petit côté decevant.
SupprimerPar contre, sur le côté "m'as tu vu", j'ai entendu plusieurs fois ce genre d'expressions (prétentieux..pédant etc..)je trouve ça un peu regrettable car peu, très peu de réalisateurs ont autant de talent que PT Anderson, il faut pour moi le célébrer. Souvent, dès qu'un réalisateur joue dans l'esthétique, le style on le tacle par derrière et on le qualifie de prétentieux, c'est dommage.
++
Quand Max parle de prétention, il ne parle pas de réalisation ou d'esthétique, mais bien du scénario de Paul Thomas Anderson, et je le rejoins !
SupprimerLa réalisation est superbe, c'est clair et net.
Bon alors, il est bien ce film ou il est mieux que le reste?
SupprimerOui niveau réalisation y'a rien à redire, ça c'est un fait ! Comme le précise Kaal c'est plus la tenue du récit que je trouve "un peu" prétentieuse. Mais je te l'accorde, Mr H, Anderson à un putain de talent et pour sûr ce n'est pas sur lui qu'il faut cracher ces temps-ci :)
SupprimerAh ok, autant pour moi. J'avais interprété trop vite. Et ouais, du coup le récit à proprement parler peut être vu comme prétentieux.
SupprimerPour te répondre "Anonyme", c'est un grand film, imparfait, mais qui mérite très largement de s'arrêter un petit moment devant !
Deux bonnes critiques, on a eu exactement les mêmes sentiments en sortant de la séance!
RépondreSupprimerPas vu à mon grand regret. Mon cinéma ne le passe pas.
RépondreSupprimerAussi chiant que passionnant en fait :)
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