lundi 14 janvier 2013

The Master

Réalisé par Paul Thomas Anderson

Avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams...

Nationalité : américaine

Genre : "Le temps sera le maître de ce lui qui n'a pas de maître" proverbe arabe.

Durée : 2h17  





Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe... 




Critique de Mr. H' :


Attendu comme l’un des meilleurs films de l’année, The Master de Paul Thomas Anderson déroute par le paradoxe entre le fond et la forme. La beauté exceptionnelle du film contraste en effet avec un scénario assez peu intéressant et manquant cruellement de rythme. 
Que faut-il donc pour faire un grand, voire un très grand film ? C’est la principale énigme éternelle d’ailleurs) posée à la sortie des 2h17 de The Master. Suffit-il d’une grande mise en scène et d’une direction d’acteurs magistrale pour pouvoir affirmer que le film d’Anderson est un chef d’œuvre ? Non. Le scénario manque de souffle, d’emballement, et les longueurs inévitables qui en découlent nuisent à l’intérêt du film. 

Pourtant le pitch de départ semblait prometteur. L’histoire de la relation complexe entre un vétéran brisé de la 2nde Guerre Mondiale (Joaquin Phoenix) et un gourou (Philippe Seymour Hoffman) inspiré de Ron Hubbard, le créateur de l’Eglise de scientologie. Les thèmes traités par Anderson sont variés : le rapport de domination entre les deux hommes, la fascination et l’emprise, les solitudes respectives du gourou, détesté par son fils, et du soldat se refugiant désespérément. Oui…mais tout ça manque de rythme ! 

Heureusement l’essentiel est ailleurs. Le réalisateur de Magnolia (2000) et de There will be blood (2008) signe une pure merveille visuelle. Devant la beauté des images de Mihai Malaimare (directeur de la photo et collaborateur régulier de Coppola), le spectateur ne peut que s’agenouiller et dire « Oui Monsieur. Merci Monsieur. Au revoir Monsieur !». L’association entre une mise en scène éblouissante et le rendu des images procure une jouissance mes amis, une jouissance qui me rappelle le souvenir d’une fameuse nuit avec Véronique Genest ! La séquence centrale de la moto dans le désert ou le dialogue Phoenix-Hoffmann en champ/contre-champ lors de la première séance de psychanalyse sont autant d’exemples d’un talent de cinéaste exceptionnel.
Reste les acteurs… deux grosses claques, un aller-retour Phoenix-Hoffmann dans ta face, c’est du tout cuit ! Sublimés sous la direction de P.T Anderson, Joaquin et Philippe se révèlent d’une brillante justesse. Ils s’opposent alors tant au niveau du registre de jeu qu’en terme de poids (la maigreur de Phoenix face au rondouillard Hoffmann)

The Master déroute, questionne mais ébloui. Le film souffre d’un scénario lent, long et étriqué et pourtant on ressort en ayant conscience d’avoir probablement peu de films comme cela à se mettre sous la dent et c’est bien regrettable ! 







Critique de Kaal : 

Bien, bien, bien... je peux vous dire que ce n'est vraiment pas simple de donner un avis clair et sensé pour The Master, surtout que je suis complètement d'accord avec mon cher collègue, Mr. H'. Je vais vous donner un ressenti plutôt qu'une analyse. Disons surtout que j'ai la flemme.

J'ai globalement apprécié ce nouveau métrage de Paul Thomas Anderson, un cinéaste que j'apprécie pour l'ensemble de son taf. C'est pas un gland le bougre et il le prouve une nouvelle fois par une réalisation non seulement propre mais aussi originale alternant divers types de caméras ainsi que de cadrages. A ce niveau-là, on peut que saluer le travail. L'histoire qu'il développe est tout aussi intéressante car elle traite d'un pauvre gars dépendant à je-ne-sais-vraiment-quoi-mais-ça-a-pas-l'air-très-bon qui erre de patelin en patelin se prenant des coups de pied au cul par milliers. Bref, c'est un déchet. Par chance (ou pas vraiment), il tombe sur un illuminé qui devient son maître à penser voire à agir. Leur relation est excellement bien jouée par le duo détonnant formé de Joaquin Phoenix (un revenant qui joue presque son propre rôle) et le formidable Philip Seymour Hoffman. On y croit et on en redemande surtout après leur échange au tac-au-tac quand ce dernier fait passer un test de personnalité au premier. C'est juste affolant ! Les autres acteurs sont aussi bons, mais totalement écrasés par le talent des deux principaux, pourtant Amy Adams essaye tant bien que mal de sortir la tête du terrier, mais il n'y a rien à faire. Ils sont trop loin. 

Problème, ce film est long. Trèèèèès long. Enfin, disons que ça passe pas vite et on aimerait que ça pète plus. On se demande au bout d'un moment : "Mais où vas-tu Paulo ?" Cela se rapproche plus au délire psychologique qu'à une critique de la société ou de la manipulation (ce que j'espérais). On s'y perd, ou plutôt il nous perd dans les tortures mentales infligées du Maître au Serviteur. Malgré des réflexions non dénuées d'intérêt, on peine à s'accrocher au wagon. Dommage sur ce dernier point qui passe pour une preuve de prétention de la part du cinéaste. 



                                           Un petit côté Omar Sharif pour le coup.

12 commentaires:

  1. Et Amy elle sent le pâté ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. yep j'ai pas mis tout ce que je voulais. Tu l'as vu Roxy?

      Supprimer
  2. Rha la déception. J'en attendais beaucoup personnellement. Peut-être trop. La mise en scène et les acteurs, deux grosses claques en effet, mais vraiment dommage que le récit soit si brumeux et quelque part vachement m'as-tu-vu.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis d'accord avec toi sur un petit côté decevant.

      Par contre, sur le côté "m'as tu vu", j'ai entendu plusieurs fois ce genre d'expressions (prétentieux..pédant etc..)je trouve ça un peu regrettable car peu, très peu de réalisateurs ont autant de talent que PT Anderson, il faut pour moi le célébrer. Souvent, dès qu'un réalisateur joue dans l'esthétique, le style on le tacle par derrière et on le qualifie de prétentieux, c'est dommage.

      ++

      Supprimer
    2. Quand Max parle de prétention, il ne parle pas de réalisation ou d'esthétique, mais bien du scénario de Paul Thomas Anderson, et je le rejoins !
      La réalisation est superbe, c'est clair et net.

      Supprimer
    3. Bon alors, il est bien ce film ou il est mieux que le reste?

      Supprimer
    4. Oui niveau réalisation y'a rien à redire, ça c'est un fait ! Comme le précise Kaal c'est plus la tenue du récit que je trouve "un peu" prétentieuse. Mais je te l'accorde, Mr H, Anderson à un putain de talent et pour sûr ce n'est pas sur lui qu'il faut cracher ces temps-ci :)

      Supprimer
    5. Ah ok, autant pour moi. J'avais interprété trop vite. Et ouais, du coup le récit à proprement parler peut être vu comme prétentieux.

      Pour te répondre "Anonyme", c'est un grand film, imparfait, mais qui mérite très largement de s'arrêter un petit moment devant !

      Supprimer
  3. Deux bonnes critiques, on a eu exactement les mêmes sentiments en sortant de la séance!

    RépondreSupprimer
  4. Pas vu à mon grand regret. Mon cinéma ne le passe pas.

    RépondreSupprimer