Avec : Tom Schilling, Freiderike Kempter, Marc Hosemann...
Nationalité : Allemande
Genre : Les douceurs berlinoises...
Durée : 1h 28 min
Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel étudiant et rêveur incorrigible, s’apprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence : sa copine se lasse de ses indécisions, son père lui coupe les vivres et un psychologue le déclare « émotionnellement instable ». Si seulement Niko pouvait se réconforter avec une bonne tasse de café ! Mais là encore, le sort s'acharne contre lui...
Critique de Mr H'
24h de la vie d’un homme, c’est quoi finalement ? Travailler, manger et dormir ? Niko, le personnage principal de « Oh Boy » n’est pas ce qu’on peut appeler « un modèle de réussite sociale ». Jan Ole Gerster en fait pourtant une histoire touchante et drôle sur un fond jazzy et une esthétique noir et blanc rappelant les meilleures inspirations de Jim Jarmusch, Coffee and Cigarettes en premier lieu.
Si Oh Boy démarre par une scène d’intérieur, réminiscence assumée « d’A Bout de souffle », c’est pour mieux s’en extirper et commencer une ballade au cœur d’un Berlin speed et matinal, joliment capturé par le noir et blanc du réalisateur dont c’est ici le premier film. Niko est au cœur du récit mais les personnages secondaires façonnent cette journée par leur attitude marginale et désinvolte. Le burlesque est grinçant, les situations cocasses et le comique de situation plutôt réussi. Néanmoins, il règne dans Oh Boy une certaine forme de mélancolie, la nécessaire allusion au passé traduisant une certaine forme de solitude. Le choix de rire du passé est ainsi la grande force de ce film (le comédien jouant l’officier nazi et Judika).
Des errances aux rencontres aléatoires de Niko, le film de Jan Ole Gerster est une savoureuse ballade rythmée par une musique jazz des plus agréables. Dans sa courte unité de temps, « Oh Boy » nous renvoie à « Oslo, 31 août » de Joachim Trier dont il partage de nombreux points communs, la profondeur du personnage principal en moins cependant. Ces petites saynètes s’enchainent non sans un certain plaisir mais Niko a dû mal à s’élever au-dessus des autres personnages. C’est dommage car c’est lui le sujet du film. Malgré les plans répétés sur les transports en commun, témoins d’une ville qui bouge sans Niko, Jan Ole Gerster fait preuve d’audace et d’inventivité dans sa mise en scène. Sa caméra saisie alors admirablement les errances de son héros, inquiet sans l’être totalement, dans un monde qui lui semble de plus en plus étranger.
Voir « Oh Boy » revient à s’échapper pendant un court moment de la réalité et apprécier l’imaginaire insouciant proposé par le réalisateur allemand. N’est-ce pas d’ailleurs la fonction même du cinéma de vous emmener en ballade et rêver le réel durant un temps défini ? En cela, le pari de Jan Ole Gerster est réussi. Installant une ambiance douce et mélancolique, il convainc le spectateur de visiter ce Berlin d’aujourd’hui en compagnie de Niko, symbole d’un entre-deux âges difficile à surmonter.
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