mercredi 7 janvier 2015

A Most Violent Year


Réalisé par: J.C Chandor

Avec: Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks...


Nationalité: Américaine

Genre: trench italien

Durée: 2h05


New York - 1981. L'année la plus violente qu'ait connu la ville. Le destin d'un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et la dépravation de l'époque qui menacent de détruire tout ce que sa famille à construit. 






Kritique de Mafieu:

Une bande annonce haletante, un casting prestigieux, un titre clinquant: A Most Violent Year a toutes les qualités d'un classique du genre. Les mercos se croisent le long des hangars abandonnés du New Jersey, l'image est sombre et jaunâtre et Jessica Chastain tire sur sa clope façon Sharon Stone. Le réalisateur de Margin Call s'attaque ici à un véritable exercice de style si cher à Martin Scorsese. Alors envoyez la sauce (italienne de préférence) !! 

Ben pas du tout. Abel Morales (Oscar Isaac) a beau avoir des airs d'Al Pacino, le jeune homme n'en n'a pas l'étique et se refuse à se salir les mains. S'il doit le faire, c'est uniquement au sens propre en montant sur les tanks recouverts de fuel de ses camions. Qu'importe que tout le monde triche autour de lui: ses concurrents qui lui détournent sa came, la justice qui lui demande sans cesse de montrer patte blanche, son avocat qui réglerait bien toutes ces histoires façon Tom Hagen et même sa femme qui falsifie les comptes de l'entreprise dans son dos! Abel reste droit dans ses bottes. La clé de la réussite il la connait et prend plaisir à l'exhiber devant ceux qui lui vouent une admiration sans borne. Toujours impeccable, le sourire charmeur, la formule facile: Abel est de la race des gagnants. S'il doit obtenir quelque chose, c'est à lui et à lui seul qu'il le devra. Mais ce héros des temps modernes s'est trompé d'endroit et d'époque. Le New York des années 80 se torche avec ces principes moraux là. L'american dream tant espéré par Abel aura un prix. Le jeune entrepreneur va bientôt devoir mettre ses principes de côté s'il veut réaliser ses rêves et tampis pour les dommages collatéraux. 

J.C Chandor revisite le film de gangster d'une manière tout à fait surprenante et assez intéressante. Avec un titre aussi évocateur, on s'attend à une traditionnelle tragédie sur fond de règlements de comptes. En réalité, cette violence est montrée à l'écran de façon beaucoup moins explicite. Tout est sous entendu. Pareil pour le choix des personnages: on est loin des stéréotypes du genre. Abel n'a rien d'un Tony Montana. L'homme que l'on pensait être un véritable mafiosi sur l'affiche est en fait un personnage beaucoup plus nuancé. Son obsession reste la même, à savoir la conquête du pouvoir. Mais la manière est différente. Lui tient à garder les mains propres et ne veut pas déroger de sa ligne de conduite. En apparence seulement car après s'être avoué que ce qu'il désire par dessus tout ne pourra se faire sans heurts, ce Dorian Gray des temps modernes (woaw il cite même un classique de la littérature !!) choisit finalement de laisser les autres le faire à sa place sans qu'il en ait donné l'ordre. Encore plus crapuleux donc.  

Côté réal' c'est plutôt bien foutu. Y a pas mal de clins d’œils aux classiques du genre. Le casting est lui aussi assez sympa et on retrouve avec plaisir Oscar Isaac (même si c'est pas le rôle qui lui va le mieux). En revanche on est un peu nostalgique de la violence débridée des films de Scorsese surtout quand c'est vendu tel quel. Et la musique manque aussi pas mal. A Most Violent Year reste toutefois un film assez novateur et qui redonne un élan au gangsta'movie yeahh !!




"Tu connais la théorie sur la Rolex?"


Kritique de Kaal 

Rarement un film n'avait aussi mal porté son nom. 
Une bande-annonce rythmé, des acteurs que j'apprécie particulièrement, une bonne musique, de belles images, ce film me semblait tout à fait calibré pour mes goûts. De plus, J.C. Chandor est le réalisateur de Margin Call, un passionnant thriller financier avec Kevin Spacey en 2012. 
Et pourtant, je me suis ennuyé. 

Abel et Anna Morales, couple new-yorkais un peu chic qui prospère dans le commerce de fioul dans les années 80 et plus particulièrement, 1981 qui fut l'année la plus criminogène de l'histoire de la Grosse Pomme. Si les Morales se font passer pour des gens blancs comme le cheval blanc d'Henri IV, on nous donne quand même pas mal d'indices dès le début du film nous montrant le contraire. Vente cachée, certains comptes à moitié salopés, Abel Morales se borgne tout de même à quelques principes. A savoir, aucune utilisation de la violence et une concurrence loyal avec les autres revendeurs. Oui mais voilà, les autres copains sont fait d'un bois un peu plus pourri. L'entreprise des Morales commence à décliner et Abel continue à respecter son credo.
Tout cela est bien intéressant mais voilà, c'est long. Et vraiment pas violent. De plus, l'intrigue est minée par des discussions d'un vide intersidérale et qui font espérer des révélations. Il n'y a rien de pire qu'un personnage véreux balance à un autre "tu sais de quoi je parle" et l'autre répondant "oui bien sur, cette affaire là et puis celle-ci" pour finir sur une coupure de la scène qui n'aura finalement rien apporté. Ah si, du faux suspense. Ce film en truffé. C'est agaçant et cela ralentit très largement un rythme déjà pas bien folichon.

Quel dommage car les acteurs sont concernés même si je dois avouer ne pas avoir vraiment accroché au personnage d'Abel Morales interprété par le brillant Oscar Isaac. Il est trop lisse et son acharnement a tendance à exaspérer. Son épouse Anna (Jessica Chastain, tu es libre demain soir ?) est le miroir du spectateur, elle s'offusque du comportement parfois apathique de son mari et cherche des solutions -pas toujours clean- pour améliorer une situation bien précaire. Le reste du casting excelle dans la retenue et le style caractéristique de l'époque. Une période d'ailleurs parfaitement reconstituée avec les costumes, les décors, les voitures et la musique qui évoluent au diapason. 

A Most Violent Year est donc pour moi un pétard mouillé. Vendu comme un film de gangster détonnant, il montre sa vraie nature une fois que les portes de la salle sont fermées. A soir un long métrage documenté et très bien interprété, mais avec un rythme trop lent pour amener là où on l'attendait. 




 PS : J'admire le choix de photo de Mafieu. 






3 commentaires:

  1. Un film de grande qualité avec un beau casting et un récit fascinant. On se croirait devant un film de gangster mais ce n'est jamais le cas. Que ce soit par les réunions ou la poursuite de l'homme de main.

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  2. j'avoue que la poursuite de l'homme de main est bien réussie ! Ce qui est marquant c'est la scène improbable du braquage du camion qui voit les 3 hommes se planquer au même endroit.

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  3. Et finalement les bandits sont équivalents du chauffeur! Impensable et pourtant... Mais c'est aussi le personnage d'Isaac qui est marquant. Il est humble malgré qu'il soit dans la merde, il pourrait être violent mais même là il n'y arrive pas. C'est fascinant.

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