samedi 25 janvier 2014

Twelve Years a Slave

Réalisé par Steve McQueen

Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch...

Nationalité : Américaine

Genre : I want to break free

Durée : 2h13








Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession.
Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave.
Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.
Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…

 



Critique de Kaal 

Steve McQueen. Pas l'acteur. Il est mort. L'acteur. Pas le réalisateur. Qui est britannique. Non pas l'acteur. Il est américain. Pas le mec vivant. Enfin, t'as compris.
Ce type est un grand. Dès Hunger, il était grand. Après Shame, il était énorme. Avec Twelve Years a Slave, il est immense.

Toujours avec son style vicéral et impitoyable, Steve nous emmène cette fois-ci dans l'Amérique esclavagiste du milieu du XIXe siècle. On suit Solomon Northup (auteur de l'autobiographie dont s'inspire le film), homme libre afro-américain qui a été enlevé et vendu dans le sud des States en tant qu'esclave. Une histoire pas si rare puisqu'on retrouve de plus en plus de témoignages relatant cette escroquerie difficile à prouver à l'époque. A la différence des autres films sur la question (qui sont déjà pas bien nombreux), McQueen suit une certaine pensée actuelle de le recherche historique, celle de montrer le monde des Petits, de ceux qui ont subi. Ici, ce sont les esclaves noirs. Pas pour nous montrer de grands moments héroïques, mais nous faire découvrir la banalité et le quotidien des plantations. Le réalisateur britannique ne cache rien et compte bien tout dévoiler. On voit non seulement le travail harassant des assujettis, leur pseudo vie privée et surtout l'exploitation inadmissible des colons qui n'ont, pour la plupart, aucun scrupule à profiter de leur activité et de leur pouvoir. Une des principales erreurs des métrages sur l'esclavage est de montrer des esclaves lettrés dont le talent est valorisé par leurs maitres. Or, c'était plutôt le contraire qui se déroulait. Un maître blanc se montrait plus terrible avec un esclave sachant lire et écrire qu'avec un autre dénué de ces compétences. Ces derniers étaient plus faciles à exploiter du fait de leur condition.

Pour cela, Steve McQueen filme plusieurs scène d'une telle lenteur que l'horreur devient à la limite du soutenable. Une en particulier montre tout l'immoralité de cette période et de cette acceptation occidentale de l'esclavage. On y voit un esclave qui laissé à demi-pendu à un arbre le temps que le maître absent revienne pour régler la situation. Pendant ce temps qui dure des heures, l'esclave tente de survivre pendant qu'autour, les autres esclaves reprennent leur travail quotidien sans prendre attention à l'homme qui piétine dans la boue cherchant la meilleure position pour se pas s'étrangler. Le bruit des pas dans la terre est accentué pour rester gravé dans nos cranes. Une scène qui restera culte pour ce thème peu exploité au cinéma.

Un tel travail de recherche et de réalisation est évidemment sublimé par une interprétation monstrueuse. Le personnage principal Solomon Northup est joué par Chiwetel Ejiofor, un acteur britannique d'origine nigériane (qui avait surtout fait des films d'action) est éblouissant par sa mesure, son calme qui cache une profonde tristesse teintée de haine qui éclabousse aux pires moments. Surtout quand il est en face de son second maître, Edwin Epps interprété de façon magistrale par Michael Fassbender (acteur fétiche du réalisateur). Cet homme est la pire des pourritures que l'on peut imaginer, un type qui semble montrer un plaisir à faire du mal mais qui cache surtout un mal-être dans les colonies qui le rende d'autant plus ignoble. Colérique, obsédé, sur de lui, alcoolique, à chacune de ses apparitions, on craint le pire. Oscar du meilleur second rôle en vue ?
On pourrait multiplier les compliments pour l'ensemble du casting qui est parfait. Une étonnante jeune actrice kenyane du nom de Lupita Nyong'o touche le public par sa condition désastreuse, comme les personnages joués par Benedict Cumberbatch ou Brad Pitt, les seuls blancs qui semblent vouloir une certaine égalité entre les hommes. Chose qui est inconcevable pour d'autres personnages interprétés toujours impeccablement par Paul Giamatti ou Paul Dano.

Twelve Years a Slave est un nouveau tour de force de Steve McQueen, un réalisateur qui donne un grand coup de pied dans le cinéma américain par son style brutal et ses sujets poignants. Mon cœur d'historien admire et mon cœur de spectateur en redemande. 



"ELLE EST OU LA POULETTE ?!!"



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6 commentaires:

  1. Avec Le vent se lève, Twelve years a slave est le premier coup de poing de l'année. Une violence percutante et tragique qui prend le spectateur a bras le corps et suscite l'émotion. D'autant que le casting est juste fantastique allant d'Ejiofor trouvant enfin un premier rôle majeur; à Fassbender totalement frappadingue (décidemment McQueen a tout compris de lui) en passant par Cumberbatch absolument fantastique dans un jeu entre la sobriété et la méchanceté. McQueen laisse parfois trop longtemps la caméra tourner, ce qui peut donner certains plans inutiles mais dans l'ensemble le film est un des premiers gros films de 2014 à voir absolument.

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    1. Si la caméra reste à tourner, c'est bien pour montrer la banalité, la normalité et le temps long de cette période. Cela rend le propos plus humain. Selon moi hein ^^

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    2. Après quand pendant une minute tu vois le visage d'Ejiofor en train de ne rien faire, ce n'était pas forcément utile. Mais pour la pendaison, comme tu le dis, c'est totalement justifié pour montrer l'indifférence/impuissance des esclaves à côté, le regardant et continuant leurs activités. C'est banal pour eux au final.

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  2. Beaucoup de scènes dures (les coups de fouet raisonnent encore) mais un bon film en effet!

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    1. Steve McQueen n'est pas connu pour être un tendre mais plutôt pour trouver le meilleur moyen de marquer ses spectateurs :)

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  3. Bonjour Kaal, je dois écrire mon billet sur ce film qui m'a plu mais je m'attendais à quelque chose de plus fort (après Hunger et Shame), peut-être en attendais-je trop? En revanche, on n'oublie pas de sitôt quelques scènes d'une violence inouïe. Bonne après-midi.

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