samedi 7 février 2015

The Imitation Game

Réalisé par : Morten Tyldum

Avec : Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode...

Nationalité : Américano-Britannique

Genre : Mots croisés v.s WWIII

Durée : 1h55










1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.






Kritique de Kaal

Fanatiques du sudoku, passionnés intarissables des mots croisés, gourou boiteux des mots fléchés, monomaniaques des guerres mondiales, ce film est fait pour vous !
Cette introduction est certes, la plus nulle de l'histoire de la blogosphère ciné et je m'en excuserais pas.

Alan Turing était un nom oublié de l'histoire qu'Andrew Hodges, mathématicien, auteur et pionner du mouvement de libération gay dans les années 1970, a décidé de ressortir des étagères poussiéreuses. En 1983, il publie Alan Turing : The Enigma. C'est l'histoire d'un cryptologue britannique qui a œuvré dans le décodage des messages cryptés allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette homme aurait dû rester dans le secret, mais une fait divers lié à son homosexualité lui valu des poursuites judiciaires et dévoila sa participation à la fin de la guerre. Il n'en fallait pas moins pour que le réalisateur Morden Tyldum se penche dès 2011 sur ce personnage qui fut par la suite gracié par Elizabeth II en 2013. Du pain béni pour le cinéma et la Weinstein Company qui raffole des histoires à "potentiel oscar".


Exit Leonardo di Caprio (tellement pas oscarable...), bienvenue Benedict Cumberbatch, acteur britannique qui monte, qui monte sans que l'on sache jusqu'où il ira. Outre le fait que l'histoire est bien écrite et prenante, c'est surtout la performance de l'acteur principal qui reste en mémoire. Il parvient à émouvoir tout en restant une énigme pour les autres personnages du film comme pour les spectateurs. Morden Tyldum a d'ailleurs fait le choix d'ajouter une part de syndrome d'Asperger, ce qui n'est pas prouvé historiquement. 


Petit bémol, il y a -comme dans beaucoup de films promus par Weinstein- un côté démago trop poussé. Le film est réglé sur trois temps : la jeunesse d'Alan Turing avec ses relations sociales et la découverte progressive de son homosexualité, ses années à Betchley Park pour décrypter Enigma et son interrogatoire en 1951 suite à l'affaire de mœurs qui lui vaudra une castration chimique. La partie sur sa jeunesse est vraiment dispensable tant elle n'apporte que peu de choses sur la suite de l'histoire. Surtout qu'Alan Turing est vite confronté à sa sexualité quand il est question de sa relation avec sa collègue Joan Clarke (interprété tout en simplicité et justesse par Keira Knightley). 

The Imitation Game est donc un très bon film historique et un biopic assez classique. On retient surtout la musique d'Alexandre Desplat et bien évidemment la prestation de Benedict Cumberbatch. 
A l'heure où j'écris cette kritique, le film est nommé 8 fois aux Oscars, dont Meilleur Film. Affaire à suivre. En 6 lettres. 






"Comment ça le fil rouge sur le bouton rouge ?!"

3 commentaires:

  1. Je rejoins l'avis de Kaal sur bien des points. Un très bon film - divertissant, accessible aux néophytes (même si deux amis cryptographes m'ont fait un topo trois jours auparavant).

    Le scénario est original (plus inspirant de suivre ce groupe d'universitaires tentant de décrypter une machine de guerre ennemie que de savoir pourquoi Zuckerberg a conçu facebook) et est un point fort de ce film.

    Un autre point fort est la distribution. Benedict Cumberbatch (Star Trek, The Hobbit, Sherlock Holmes, 12 Years of Slave notamment; et qui devrait jouer le prochain superhéros marvel Docteur Strange) est d'une justesse remarquable, ses dix ans de formation théâtrale ont été fructueuses.
    Les rôles secondaires sont bons, nul ne parait inutile et chacun contribue à l'avancée du film. Keira Knightley, avec qui j'étais fâché depuis Pirates des Caraïbes, remonte dans mon estime. Mark Strong efficace, et interprétation appréciable de Charles Dance (Games of Thrones).

    Côté décor, costume, bande originale rien à redire; l'ambiance guerre mondiale/espionnage/british est juste.

    Pas d'accord avec Kaal sur le rôle des passages de la jeunesse de Turing. Ces flashback nous permettent de comprendre le personnage (au moins pour lui donner un capital sympathie) et accessoirement sans ces passages comment pourrait-on comprendre le lien fort entre Turing et Christopher (aka HAL 9000 v. 0.0001).

    Petite critique de ma part sur le film pour conclure - une... imperfection sur les événements des années 50. Ok c'est le fil rouge de l'histoire, l'enquêteur enquête et le Turing raconte son histoire - classique. Mais ce fil rouge apparait parfois brutalement au cours du film et de manière peu utile. Autant suivre les passages jeunesse/récit sont clairs, autant le trio jeunesse/récit/interrogatoire est parfois brouillon. Si ce fil rouge aurait été traité comme dans Amadeus il aurait gagné en intérêt.

    Oscar? Oscars.
    4/5 et un peu de thé svp.

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    Réponses
    1. Salut Colas, ça faisait un bail !
      Les moments jeunesse de Turing ne confortent surtout que son syndrome d'Asperger, pur choix du réalisateur et du scénariste. Cette version n'est pas du tout prouvé par les Historiens qui pensent effectivement que Turing n'était pas autiste. C'est d'ailleurs un témoignage de ceux qui l'ont côtoyé.
      Je suis d'accord avec toi pour les moments d'enquête qui sont brutales. C'était dispensable.

      Thé vert ou thé à la menthe ?

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    2. Un petit bail, 4-5 ans pas plus que je ne suis pas venu. J'ai raté quelques Potatoes Awards honte sur moi!

      Oh pour le choix d'un Turing autiste c'est clairement un choix scénaristique. Mais bon, le film débute sur un "Inspiré de" donc je les prends au mot et ne leur en tient pas rigueur. =)

      Mais je reste persuadé que les passages jeunesse restent indispensables. Si tu enlèves le syndrome d'Asperger tu assistes à des scènes de vie scolaire du personnage : on apprend qu'il est intelligent dès son plus jeune âge (cf cours de math), qu'il se fait bizuté (syndrome ou non - il est la cible de moqueries, être jeune, petit et intelligent est une raison suffisante) donc qu'il a des "problèmes" avec la société rapidement - constat qui perdure dans sa vie d'adulte (à y réfléchir je n'ai même pas l'impression que sa famille soit évoquée dans le film) et il y a surtout la relation naissante avec Christopher (on a le droit de spoil dans les commentaires, si si) qui l'initie à la cryptographie.
      Ces quelques éléments de jeunesse suffisent à éclairer le personnage-récit et sont donc pertinents pour l'histoire.

      Le moment d'enquête le plus brutal c'était lors de l'explication du fameux Imitation Game à l'inspecteur. C'est intéressant, ça t'explique le titre du film, mais bon sang ça nous tombe dessus comme une merde de pigeon.

      Et à y réfléchir j'ai trouvé une dernière critique du film. A la fin (oui oui spoil), bon on t'explique qu'il a sauvé des gens, qu'il a été gracié, qu'il a inventé l'ancêtre des ordinateurs etc Oui ok très bien. Et tout à coup : "Enième nombre d'homosexuels ont été castrés chimiquement en GB de temps à temps". ... Euh ok mais c'est quoi le rapport? Enfin ce n'est pas un film sur la condition de vie difficile des homosexuels (on apprend avec certitude que Turing est homosexuel à la moitié du film après tout). Du coup ce dernier commentaire me semble complètement hors sujet et je soupçonne les producteurs de vouloir tirer un peu trop la corde du "film-bien-pensant-et-moralisateur", dommage.

      A la menthe, j'ai fini le gunpowder hier.

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