Bon, c'est la rentrée, il est temps de bosser.
Réalisé par Peter Watkins en 1971
Sortie
en salles américaines en 1971 et retiré 4 jours après des salles.
Ressorti en France en 2007 dans quelques salles d'Art et d'essai.
Réalisé par : Peter Watkins
Film : Américaine
Genre : Pas la chanson d'Indochine !
Durée : 1h28
Fable
politique inspirée par l'application du McCarren Act, une loi
d'exception votée en 1970 à la faveur d'une aggravation du conflit au
Nord-Vietnam, autorisant à placer en détention "toute personne
susceptible de porter atteinte à la sécurité intérieure". Dans une zone
désertique du sud de la Californie, un groupe de condamnés est amené,
contre la promesse de leur libération, à traverser le désert à pied,
sans eau ni nourriture, pour atteindre le drapeau américain sans être
capturés par les forces spéciales armées et motorisées lancées à leur
poursuite.
Excellente bande-Annonce (à voir absolument !)
C'est quoi ce film ?!
Avant de parler de Punishment Park, je vais vous dire 'quelques' mots sur son réalisateur Peter Watkins.
Peter Watkins est un réalisateur britannique né en 1935 de parents cols blancs. Envoyé dans une école galloise
de sévère discipline, il y découvre le théâtre et suit une formation à 16 ans pour intégrer la Royal Academy of Dramatic Art
à Londres. Cependant à 19 ans, il est appelé au service militaire et
parvient à éviter d'être enrôler dans la guerre civile au Kent et est
finalement dans le Kent où il rejoint le théâtre amateur du coin (c'est
ici qu'il rencontre la troupe Playcraft). En 1956, il quitte l'armée et réalise avec Playcraft son premier court-métrage, The Web
(il suit un soldat allemand tente d'echapper aux maquisards français à
la fin de la Seconde Guerre Mondiale) pour lequel il reçoit un prix. Il
est ensuite engagé dans une société de publicité pour réaliser des
spots, il affirma détester la pub mais que ce fut une excellente
expérience. Après être devenu monteur, il réalise en 1959 un autre film :
The Diary of an Unknown Soldier
(suivant un soldat britannique pendant la Première Guerre Mondiale qui
vit ses dernières heures). Il gagne une nouvelle fois un Oscar aux Ten
Bests.
Peter Watkins est un réalisateur britannique né en 1935 de parents cols blancs. Envoyé dans une école galloise

C'est
en 1964 qu'il réalise son premier film professionnel où il adopte son
style définitif : un format documentaire caméra à l'épaule (qu'il nomme
"caméra liberté") avec interviews des protagonistes comme si on
regardait un reportage télévisé. Peter Watkins veut être encore plus
original car ce premier film est un docu histoire sur La Bataille de
Culloden en 1746 où les régiment d'élite anglais écrasèrent les
Highlanders. Le film (que je vous conseille) fut un succès critique et primé par un British Screewriters Award of Merit.
Peter Watkins devient par la suite très demandé, notamment la BBC qui
lui commande un film sur les effets du nucléaire. Il réalise alors La
Bombe en 1965, filmant ce qui pourrait arriver en cas d'attaque nucléaire en Angleterre, c'est un film principalement basé sur l'angoisse et l'impuissance locale. C'est sa première controverse, La Bombe est débattu au Parlement et finalement interdit de diffusion. Pourtant il remporte pour celui-ci un Oscar et un BAFTA du meilleur
cour-métrage en 1967. Dégoûté, Watkins démissionne de la BBC par la
suite et quitte l'Angleterre pour ne plus travailler avec la télévision
ou le cinéma britannique (qui connaîtra un déclin progressif, mais ce
sera peut être l'objet d'un autre billet). C'est alors le début d'une
carrière controversée par les autorités mais toujours appréciée par la
critique. Il passe par la Suède (Les Gladiateurs influencé par les évènements de 1968 en Europe), puis arrive aux États-Unis où il tourne Punishment Park.

Je
rappelle vite fait le contexte, en 1970, Richard Nixon est au pouvoir
en pleine guerre du Vietnam et cette même année, 4 étudiants manifestant
contre l'invasion du Cambodge sont tués par l'armée en Ohio. La
politique de Nixon est alors répressive et il est même question d'une
loi qui condamnerait les américains qui refuseraient l'appel aux armes
et les militants estimés dangereux pour la sûreté de l'Etat. Peter
Watkins développe alors l'idée d'un documentaire retraçant les
conséquences d'une telle décision.

Tourné en août 1970 dans le désert de San Bernadino près de Los Angeles, nous prenons la place de deux équipes de journalistes européens qui suivent 2 groupes d'accusés, un premier qui s'apprête à être jugé, le second qui l'est déjà. Durant ce -très bref- procès, on donne le choix aux accusés entre la prison et Punishment Park (sans dire évidemment de quoi il s'agit). On découvre que l'issu des jugements est déjà écrit à l'avance, les jeunes militants sont totalement impuissants et condamnés avant même d'avoir été présentés au jury (voir l'extrait). Ils font face à des hommes de couleur blanche bien sur, probablement d'une bonne situation, bref, de bons américains.

Durant tout le film les images des deux groupes s'entrecroisent, afin de comprendre l'horreur qui attend le groupe en plein procès. Le Punishment Park est en fait un vaste camp dans le désert où les condamnés ont trois jours pour atteindre le drapeau américain (quel coïncidence) à l'autre bout du camp (à peu près 85 kg), et ceci à pied sans eau ni nourriture. Ce n'est pas qu'un exercice d'endurance façon Koh-Lanta, les condamnés sont pourchassés par des policiers et militaires en 4X4 armés de fusils (haha...bonne chance). Autant dire qu'ils sont dans la merde dès le départ.
Cela
pourrait être une devise américaine : "Se débattre ne sert à rien,
seulement à empirer les choses." Peter Watkins n'allait sûrement pas en
rester là. Devant une telle oppression, si certains se laissent faire,
d'autres ont
tenté de se rebeller. Bien sur, contre une telle armada cela finit très
mal et l'on découvre que les policiers développent peu à peu une
certain paranoïa (voir extrait).
Le documentaire tourne à l'horreur comme la situation qu'elle raconte
et Peter Watkins va jusqu'au bout de l'expérience, il filme absolument
tout sans hésitation car il veut montrer que cette histoire est le
reflet d'un gouvernement dangereux pour qui la sûreté de l'Etat est plus
importante que la vie de ses concitoyens (voir encore un extrait).
Tous les hommes et femmes présents n'en ressortent pas indemnes, que ce
soient les condamnés ou les policiers. Seuls les membres du jury, ceux
qui ont les cartes en main, n'ont aucun ressenti, mais peut-être ne
comprennent-ils même pas les conséquences de leurs décisions.

Punishment Park
sortira dans les salles américaines mais sera retiré au bout de 4
jours, la critique américaine s'étant très vite attaqué à cette oeuvre
projeté au Festival de Cannes de 1971 où il été apprécié. Suite à cela,
Peter Watkins parti une nouvelle fois en exil et se dirigea vers la
Scandinavie pour tourner Edvard Munch , la danse de la vie
en Norvège puis 3 films au Danemark. Sa carrière est ensuite consacrée à
des voyages pour discuter de ces films (dont il est très régulièrement
attaqué, mais Watkins n'a jamais hésité à se déplacer) et débattre de la
technique qu'il appelle "Monoforme" à savoir des plans hachés
et rapides afin de modifier l'information, procédée principal de la
production audiovisuelle actuelle. Incorrigible non-conformiste, son
dernier film fut tourné en France en 1999 co-produit par Arte (qui
accueille très mal la réalisation), La Commune retraçant l'épisode histoire de 1870 à Paris. En 2004, il publie Media Crisis où il évoque sa carrière et son analyse de la Monoforme.
Le film Punishment Park aura droit à une édition en dvd en 2002 (trouvable aujourd'hui pour au moins 20 euros) et à une rediffusion sur Arte en pleine nuit en 2007. Pour ma part, je n'ai que 2 ou 3 autres films de Peter Watkins, mais je trouve que celui-ci est le plus abouti et la critique véhiculée me semble toujours d'actualité.
Le film Punishment Park aura droit à une édition en dvd en 2002 (trouvable aujourd'hui pour au moins 20 euros) et à une rediffusion sur Arte en pleine nuit en 2007. Pour ma part, je n'ai que 2 ou 3 autres films de Peter Watkins, mais je trouve que celui-ci est le plus abouti et la critique véhiculée me semble toujours d'actualité.
Kaal.
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