Avec : Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert...
Film : Français, Allemand, Autrichien
Genre : Marquis de Sade
Durée : 2h 06 min
Georges
et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de
musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à
l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite
attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle,
elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être
mis à rude épreuve.
Critique de Mr H' :
Voilà
donc notre petite palme d’or annuelle, décriée par certains, adulée par
d’autres justifiant le fait que l’industrie cinématographique aime à
récompenser, donner des prix et faire des classements. Si les petits
copinages cannois peuvent bien sur agacer, il n’en demeure pas moins que
la quinzaine délivre de grands films dont Amour fait bien entendu parti.
Amour
est d’abord un film dur qui n’épargne rien au spectateur. Une épreuve
de plus de 2h sur la maladie, celle qui ronge physiquement et
mentalement Anne mais aussi Georges qui assiste impuissant à la
déchéance de sa femme. Le réalisateur Michael Haneke choisit d’exposer
cette relation à 3 dans un lieu unique : le vaste appartement bourgeois
du couple dont les livres et la musique classique omniprésente
deviennent progressivement des personnages secondaires. Haneke est un
inconditionnel des lieux étouffants (Funny Games),
ainsi je pense qu’il faut être un peu maso pour aimer les films de
l’autrichien. Aimer avoir mal, c’est le paradoxe universel du spectateur
que le réalisateur pousse ici jusqu'à son maximum.
Dans Amour,
vous ne trouverez ni de cascades sur les toits d’Istanbul, ni de
steadicam, mais pourtant jamais l’ennui ne guette une seconde le
spectateur. Porté, élevé même par l’interprétation de Jean-Louis
Trintignant et Emmanuelle Riva, le film d’Haneke repose sur la puissance
et la profondeur des deux monstres de l’histoire du cinéma. Si
Emmanuelle Riva est davantage dans la performance, l’émotion face à la
maladie et la dégénérescence, Jean -Louis Trintignant prend lui le
contre-pied témoignant d’une étonnante jeunesse et d’une légèreté qui
parfois soulage la souffrance du spectateur. Ouf me direz-vous ! Les
scènes les plus réussies sont d’ailleurs les joutes verbales entre le
père (Trintignant) et sa fille (I. Huppert) laquelle s’immisce
maladroitement dans la fin de vie des deux amoureux. Tous les
personnages secondaires sont pour le réalisateur des intrus perturbant
la douloureuse paix que les deux amants s’accordent. Des concierges
envahissant à l’aide soignante incompétente que Trintignant renvoie
brillamment à ses études, chaque plan illustre une réplique de
Trintignant à sa fille : « Laissez nous tranquilles, laissez nous mourir
en paix »
Loin des premiers films provocateurs du réalisateur (Benny’s Video, Funny Games), Amour
dévoile une autre facette du réalisateur qui on le rappelle n’est pas
loin d’avoir l’âge de ses deux protagonistes. Faut-il y voir une
angoisse d’Haneke devant la maladie et la mort ? Interprétation trop
simpliste, mais la question peut être posée tout de même ! L’essentiel
n’est pas là. Serge Daney disait : « le cinéma, c’est la durée », Haneke
incarne cette citation par une maîtrise totale du temps mais également
de l’espace et du cadre. Amour subjugue par sa beauté, sa lumière et sa
mise en scène mais aussi par la souffrance et la douleur qu’il fait
subir au spectateur. C’est un parti pris et c’est un parti que j’ai
pris.
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