jeudi 8 novembre 2012

Amour

Réalisé par : Michael Haneke

Avec : Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert...

Film : Français, Allemand, Autrichien  

Genre : Marquis de Sade

Durée : 2h 06 min







Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.





Critique de Mr H' : 

Voilà donc notre petite palme d’or annuelle, décriée par certains, adulée par d’autres justifiant le fait que l’industrie cinématographique aime à récompenser, donner des prix et faire des classements. Si les petits copinages cannois peuvent bien sur agacer, il n’en demeure pas moins que la quinzaine délivre de grands films dont Amour fait bien entendu parti.
Amour est d’abord un film dur qui n’épargne rien au spectateur. Une épreuve de plus de 2h sur la maladie, celle qui ronge physiquement et mentalement Anne mais aussi Georges qui assiste impuissant à la déchéance de sa femme. Le réalisateur Michael Haneke choisit d’exposer cette relation à 3 dans un lieu unique : le vaste appartement bourgeois du couple dont les livres et la musique classique omniprésente deviennent progressivement des personnages secondaires. Haneke est un inconditionnel des lieux étouffants (Funny Games), ainsi je pense qu’il faut être un peu maso pour aimer les films de l’autrichien. Aimer avoir mal, c’est le paradoxe universel du spectateur que le réalisateur pousse ici jusqu'à son maximum.
Dans Amour, vous ne trouverez ni de cascades sur les toits d’Istanbul, ni de steadicam, mais pourtant jamais l’ennui ne guette une seconde le spectateur. Porté, élevé même par l’interprétation de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, le film d’Haneke repose sur la puissance et la profondeur des deux monstres de l’histoire du cinéma. Si Emmanuelle Riva est davantage dans la performance, l’émotion face à la maladie et la dégénérescence, Jean -Louis Trintignant prend lui le contre-pied témoignant d’une étonnante jeunesse et d’une légèreté qui parfois soulage la souffrance du spectateur. Ouf me direz-vous ! Les scènes les plus réussies sont d’ailleurs les joutes verbales entre le père (Trintignant) et sa fille (I. Huppert) laquelle s’immisce maladroitement dans la fin de vie des deux amoureux. Tous les personnages secondaires sont pour le réalisateur des intrus perturbant la douloureuse paix que les deux amants s’accordent. Des concierges envahissant à l’aide soignante incompétente que Trintignant renvoie brillamment à ses études, chaque plan illustre une réplique de Trintignant à sa fille : « Laissez nous tranquilles, laissez nous mourir en paix »
Loin des premiers films provocateurs du réalisateur (Benny’s Video, Funny Games), Amour dévoile une autre facette du réalisateur qui on le rappelle n’est pas loin d’avoir l’âge de ses deux protagonistes. Faut-il y voir une angoisse d’Haneke devant la maladie et la mort ? Interprétation trop simpliste, mais la question peut être posée tout de même ! L’essentiel n’est pas là. Serge Daney disait : « le cinéma, c’est la durée », Haneke incarne cette citation par une maîtrise totale du temps mais également de l’espace et du cadre. Amour subjugue par sa beauté, sa lumière et sa mise en scène mais aussi par la souffrance et la douleur qu’il fait subir au spectateur. C’est un parti pris et c’est un parti que j’ai pris.  



amour 2

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