vendredi 31 mai 2013

Only God Forgives

 Réalisé par : Nicolas W. Refn                                   

Avec : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm...

Nationalité : Franco-danois

Genre : Everybody should forgive

Durée : 1h 30 min








À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics …










Critique de Mr H' 



Attendu comme la dernière punchline de Seth Gueko, le nouveau film de Nicolas Winding Refn avait de quoi mettre l’eau à la bouche ; Kristin Scott Thomas et Ryan Gosling au casting, Bangkok et ses bordels chaleureux plutôt que la moiteur californienne de DriveSang-Froid » d’ailleurs au Québec, WTF ?!). Bref, Only God ForgivesMa première communion » ?) interroge, malmène puis finalement fatigue par un vide quasi-abyssal…

Lorsque les spots s’éteignent, c’est pourtant parfait. Plongé dans une ambiance d’un club de boxe-thai, le spectateur rentre immédiatement dans le film. Cette ouverture, comparable à Drive ou plus récemment à The Place Beyond the Pines, met Ryan Gosling à l’honneur. Son physique de beau-gosse assumé en plus. Même tee-shirt, même rictus, ne manque plus que le cure-dent. Chaude Atmosphère.  Et puis… puis rien en fait. L’effet d’une fausse joie, d’un kinder sans son jouet à l’intérieur... Malgré une esthétique alléchante, rien ne passe. C’est à se demander s’il n’exclut pas volontairement le spectateur du film. En témoigne la première scène de masturbation féminine, raccords délibérément  bizarres et espace labyrinthique à la Shining. Oui mais n’est pas Stanley qui veut, et là ça sonne faux. 

Les premiers regrets des euros versés au guichet émergent petit à petit. Mince, ce mec s’est quand même rarement planté. Bronson c’était dingo et la trilogie Pusher est à posséder absolument dans toute vidéothèque. Et puis Drive : cette claque ! C’est justement là, la faiblesse. Winding Refn reste trop dans la lignée de son précédent film. Quand Drive surprenait, Only God Forgives désoriente. Le trop peu de scénario se fait ressentir malgré la courte durée du film (1h30).  Il compense avec une esthétique parfaite. Larry Smith à la photographie fait plus qu’assurer le job. Quelques plans coupent le souffle. Allant chercher davantage vers la peinture que vers le cinéma, le chef opérateur dessine des lignes de fuite assez déroutantes renforcées par la colorimétrie rouge-sang et noir (le plan large sur l’ascenseur).  

Côté casting, à boire et à manger. Vithaya Pansringarm, flic sadique à la froideur aussi étourdissante que flippante, est très convaincant. En revanche, Ryan Gosling est fantomatique. Il n’habite pas son personnage, il le subit. Dans Drive, « IL » incarnait, il était ce cascadeur bien barré. Ici, il est vague, il flotte, il n’est que le rejeton d’une mère incestueuse. La mater est justement incarnée par Kristin Scott Thomas. Affublée d’un rôle de cougar peroxydée, vulgaire au possible, mais tout de même assez savoureuse, l’actrice franco-britannique en fait des tonnes. On aime ou pas. 

Glaçant sans être fascinant, Only God Forgives déçoit par un scénario abscons et une musique surfaite de Cliff Martinez, ici beaucoup moins inspiré que dans Drive. Le film, sélectionné en compétition à Cannes, se prend bien trop au sérieux pour séduire. Etre doué c’est une chose, avoir quelque chose à dire s’en est une autre. Avant d’être agréable à l’œil, un film est écrit et c’est surtout dans ce domaine que pêche Only God Forgives. Sans crier au foutage de gueule, car Winding Refn a démontré qu’il était un grand réalisateur, on attend mieux, beaucoup mieux du danois dans le futur. Et pourquoi pas Pusher 4 avec le grand Mads ?  






Critique de Kaal 


Comme je le pense depuis un moment, Nicolas Winding Refn serait un génie s'il faisait de ses films des moyens métrages. Oui mais voilà, dans la joyeuse industrie du Cinéma, ce format n'a pas vraiment sa place. Alors le pauvre petit danois talentueux doit rallonger ses histoires, ce qui ne sert jamais le boulot final. On le dit souvent : Bronson, trop long. Valhalla Rising, trop de séquences inutiles. Drive, certains passages qui rallongent. Bref, oui, Nicolas Winding Refn est du genre à réaliser des métrages à partir d'un bout de papier. Si l'on ressent tout le talent dans ces précédents métrages, que ce soit dans la réalisation, la direction d'acteur et une putain de manie à t'en mettre plein la tronche quand tu t'y attends pas, le bonhomme a décidé d’innover en faisant un film... complètement chiant.

Dès les dix premières minutes, on se demande bien ce qu'on fout ici. Un type qui... fait pas grand chose, son frère qui fouine les bas-fonds de Bangkok pour coucher avec une nana (précisons qu'il ne semble pas bander si elle a plus de 14 ans) et un flic tueur passionné de Karaoké. Mélangeons le tout avec une mobilité des personnages digne de l'hospice du coin qui se lance dans une coupe du monde de Kung-Fu. Bienvenue dans Only God Forgives ! Alors bon, la solution serait peut être d’accélérer légèrement la vitesse du film, oui mais voilà, le problème réside surtout dans le montage entrecoupé de scènes totalement incompréhensibles et peu utiles au récit. On navigue dans les pensées du héros sans franchement de lien avec le monde réel ou alors c'est... mais euh ... on... MERDE ! C'est insupportable ! Je supporte pas ces délires complètement abscons dans un film qui avait le potentiel d'être bien nerveux comme on pouvait le voir dans la bande-annonce. Nicolas Winding Refn a fait son gros cuistre passionné des -ce que j'appelle- "branlettes artistiques de drogués" de type comme Alejandro Jodorowsky (dont le danois dédit ce film, sans blangue !). Je vous conseille d'ailleurs La Montagne sacrée, un chef d'oeuvre de n'importe quoi juste bon à faire mouiller les rédacteurs de Télérama.

C'est vraiment dommage. On vire les scènes éclectiques-mes fesses et obtient un film de 40 min plutôt bien fichu avec des scènes gores bien nerveuses. Heureusement qu'il y a cela mais bon, à chaque fois tu espères que le film va enfin partir et tabasser sa mémé et finalement non. Pourtant le casting est pas mal. Kristin Scott Thomas joue bien la milf colérique dont le délire principal est de comparer les tailles des queues de ses deux fils. J'ai beaucoup aimé la prestation de l'inconnu Vithaya Pansringram, froid et sadique. Mais alors, celui dont il faut absolument arrêter de venter les mérites et le talent. Bon, dans Drive ça passait, dans Les Marches du Pouvoir ça commencait à être relou. Dans ce film... mince quoi ! Bouge toi Ryan ! Réagit !! Son visage ne bouge pas, il n'a pas d'émotion. Ah non, j'exagère, un moment il s'énerve sur une pauvre prostituée et se met à crier comme Cindy, 12 ans qui a perdu son rouge à lèvre. Bref, une belle prestation toute pourrie.

Bon, pas besoin d'aller plus loin. On attend qu'une chose dans ce film, c'est que ça s'emballe. Et cela n'arrive jamais. Salut. 





En bonus, ma vision de Ryan Gosling. 







5 commentaires:

  1. Eh bien voilà qui est envoyé. Ma promenade au pays des critiques du dernier Refn confirme l'alternance du chaud et du froid dans la réception de ce film. Une volonté affichée de cliver à coup sûr voulue par le réalisateur qui en l'occurence marque un point.

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  2. En terme de vide, c'est comparable à "valhalla rising", du même réalisateur?

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    1. Je sais pas si c'est comparable car Valhalla Rising déroutait mais transigeait avec Bronson ce qui avait le mérite de surprendre et déstabiliser dans le bon sens du terme.

      Only God Forgives s'inscrit dans la lignée de Drive sans pour autant assumer son scénario réduit et se prend beaucoup trop au sérieux...

      En bref, selon moi, Valhalla est une rupture esthétique dans la filmographie de Refn quand Only God Forgives n'est qu'une déception post-Drive (et Gosling y est pour beaucoup faut dire..)

      Mr H'

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  3. Le film a selon toi pas de scénar, mais il a des thématiques. Ceux qui ont vu Santa Sangre comprendront très bien les différents hommages permettant un film d'être un bel hommage à celui que l'on nomme Alejandro Jodorowsky. La mère castratrice, le héros bafoué et bien évidemment les mains. Tout y est. En revanche, pour ce qui est de l'ambiance, cela dépendra des gens. Pour ce qui est des fans de Drive, je pense qu'ils peuvent aller voir ailleurs.

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  4. quel navet ce Only God Forgives... c'est con Refn était sur une bonne lancée avec Valhallah Rising et Drive, tout deux plutôt contemplatifs malgré un scénar assez pauvre... mais OGF est une purge d'une heure 30 où on ne pourra pas sauver les acteurs inexpressifs, l'exotisme de la Thaïlande ou la surenchère de violence, la surabondance de sang et de musiques pour-nous-rappeler-quand-il-faut-avoir-peur... on a parfois l'impression de subir le malaise et le stoïcisme de ces personnages à moitié largués et qui se demandent ce qu'ils fabriquent dans ce film...

    à mille lieu des Pusher, Bleeders et Drive, une grande déception.

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