mercredi 6 juin 2012

Le Grand Soir


Réalisé par : Benoît Délépine & Gustave Kervern

Avec : Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine ...

Nationalité : Français

Genre : Punk à chien !

Durée : 1h32





Les Bonzini tiennent le restaurant 'la Pataterie' dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d'Europe. Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean Pierre est licencié, les 2 frères se retrouvent. Le Grand Soir, c'est l'histoire d'une famille qui décide de faire la révolution... à sa manière.






Critique d'oldspider


Benoît Délépine et Gustave Kervern sont des cinéastes de talent. Ils l'avaient prouvé avec leur premier très émouvant film Aaltra narrant les aventures de deux voisins paralysés des jambes. Ils ont ensuite réalisé Avida sélectionné pour l'édition 2006 du Festival de Cannes en hors-compétition. Dernièrement (en 2010), c'est le très intelligent Mammuth qui a notamment été nominé dans trois catégories des Césars. Ces deux trublions de Groland sont donc des réalisateurs reconnus par leurs pairs et ce, très justement.

Ce qui est bien avec leurs films, c'est qu'ils sont des films français loin des clichés habituels. C'est sûrement dû au fait qu'ils mettent en scène des personnages hors-normes. Comprenez par là des personnages loin des standards. Ici, nous avons droit au personnage de Not, plus vieux punk à chien d'Europe interprété par Benoît Poelvoorde. Not est complètement déconnecté de la vie pesante et « normale ». Mais je reviendrais à ce concept. Il vit dans la rue, se douche dans les fontaines des ronds-points et boit de la 8°6 à longueur de journée. Le film nous raconte sa nouvelle vie qu'il décide de passer dans une zone commerciale. Vous savez, celle avec le Carrefour, le Leroy Merlin et autres grands magasins. En parallèle de ce punk, il y a son frère Jean-Pierre qu’interprète Albert Dupontel. Ce personnage a une vision totalement opposée de la vie. Il est vendeur de matelas dans cette zone commerciale justement. Il porte un costume et veut paraître conventionnel à la vue de la société. Au milieu de ces deux frères il y a leurs parents qui tiennent un restaurant. La mère complètement dérangée et jouée par la déjà pas très nette Brigitte Fontaine qui est absolument remarquable. Le père paraît être le seul personnage rationnel du film. Suite à plusieurs incidents, les deux frères vont se retrouver et partager leurs vies ensemble. Si la métamorphose de Jean-Pierre est prévisible ce n'est certainement pas un mauvais point car c'est tout à fait voulu. En fait, ce nouveau duo va donner lieu à des scènes totalement hilarantes et grincantes. C'est ça qui est important et qui fait le coeur du film.

Le film est clairement une critique de la société de consommation sans être trop moralisateur. On s’aperçoit au fur et à mesure du film que le personnage le plus heureux n'est pas forcément celui qui a un travail à savoir Jean-Pierre. De toute façon le bonheur que pourrait ressentir Not est lui illusoire dans la mesure où il est toute la journée à moitié bourré. Le concept de bonheur est donc totalement remis à plat et tout n'est pas si manichéen.

Au final, Le Grand Soir est un film intelligent, drôle et surtout qui fait réfléchir sans trop se casser la tête. Peut être plus drôle que leurs précédents films, il se laisse regarder avec un plaisir certain. Les acteurs sont excellents et le message délivré par l’œuvre est intéressant.





Critique de Kaal :


Benoit Delépine et Gustave Kervern font ce qu'ils appellent de "l'art brut", ce qui est assez difficile à décrire. Pour moi, c'est du cinéma intuitif, improvisé parfois où on filme des idées, des pensées du moment et on l'on ne prévoit rien. C'est aussi un cinéma qui fait mal, qui crache des vérités à la tronche pour au final, réfléchir. Ces deux réalisateurs -dont j'ai souvent parlé- reviennent avec une comédie sociale d'un humour noir bien acéré. Avec eux, c'est toujours tout ou rien, et avec les spectateurs c'est pareil, soit on aime, soit on aime pas.

Vous l'avez compris et je serais court, j'ai aimé ce Grand Soir qui mêle problèmes sociaux épineux comme la crise actuelle et humour noir sur le même sujet. On rit des problèmes mais c'est pour mieux s'en souvenir et y repenser. Des phrases chocs restent en tête comme "ta maison ne t'appartient pas, elle est à la banque" ou "t'as déjà vu un punk obèse ?". Delépine et Kervern tiennent une arbalète et ne se gêne pas pour s'en servir, ils tirent là où ça fait mal. C'est un film intelligent qui sort totalement de la norme. En effet, il n'y a aucun schéma de respecté. Poelvoorde et Dupontel racontaient que le tournage était difficile car en pleine journée, leurs dialogues pouvaient changer ou même carrément la scène. Des acteurs qui souffrent sur place, mais qui reviennent comme ce caméo de Gérard Depardieu, de Yolande Moreau ou Miss Ming.

Un film déconcertant et malin, c'est ce qu'il faut retenir avec une grande dose d'humour servie par des acteurs excellents, toujours justes (avec Brigitte Fontaine, c'était pas dur, elle joue son propre rôle) et prêts à se mouiller pour ce cinéma, définitivement différent qui ne plaira bien sur pas à tout le monde. Je tiens à adresser ce message aux réalisateurs : continuez bande de cons !
A voir aussi le plus extraordinaire des suicides qui vaut probablement un Darwin Award.


Poor Lonesome Cowboy

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire