mardi 24 mai 2011

Aaltra

Le film du mois de Mai est :
Aaltra


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Sorti en salle (mais pas dans beaucoup) le 13 octobre 2004
Disponible un peu partout mais faut fouiner
Réalisé par : Benoît Delépine et Gustave Kervern
Avec : les mêmes cochons avec des guest-stars.
Film franco-belge, Genre : Road-movie en fauteuil roulant
Durée : 1h33



Deux voisins. Mal dans leur travail et dans leur vie.
Face à face en rase campagne, quelque part dans le nord de la France. La cohabitation est difficile. Ils se dérangent et se détestent. Une violente dispute se termine à l'hôpital à cause d'une benne agricole qui s'est écrasée sur eux pendant leur bagarre. Ils sont paralysés des deux jambes et sortent de l'hôpital en chaises roulantes. Après réflexion, chacun renonce au suicide et ils se retrouvent par hasard sur le quai de la gare. Voisins malgré eux, encore. Commence alors pour eux un voyage improbable et atypique.
Objectif : aller réclamer des indemnités au constructeur du matériel agricole qui se trouve en Finlande. Ces deux paralytiques vont vivre un véritable parcours initiatique : la découverte de son voisin.


Lien Bande-Annonce (Qualité moyenne...)

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C'est quoi ce film ?!


Tout le monde connaît Groland, cette émission de parodie trash de journal télé, et tout le monde a déjà vu ou aperçu Benoît Delépine et Gustave Kervern. Ils sont aujourd'hui mieux connu dans le monde du cinéma français et belge pour des films comme Louise Michel (2008) et surtout Mammuth (2010, nominé au César du meilleur film), mais avant ça, il y a eu une première coopération des deux trublions : Aaltra.

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L'idée du film est venu d'une passion commune des deux grolandais pour le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki dont l'ambiance est vraiment particulière (souvent film de gangster avec un aspect terne etlent, moi perso, je suis pas fan). La Finlande est évidemment en toile de fond, d'ailleurs j'ai découvert le film au festival rennais Travelling spécial Helsinski en 2005 (où les deux réalisateurs étaient présents à la séance). Le but des deux personnages étant d'atteindre le pays scandinave (de façon large) par tous les moyens malgré toutes les difficultés.
Ce qui caractérise le cinéma des deux grolandais est cette humour très noir, un budget minuscule comparé aux autres productions et l'apparition de guest-stars. Voici leur recette qu'ils utiliseront lors de leurs prochains films. C'est un peu ce qu'ils appellent "art brut", un film sans complexe avec de petits moyens et un usage permanent du système D.

Aaltra est donc leur premier film, un tir d'essai qui s'avère concluant. L'histoire est original. En effet, on voit très peu de films sur l'handicap et c'est encore plus rare quand c'est tourné en dérision. Malgré leur humour parfois d'une grande cruauté, il n'y a jamais de méchanceté. On rit beaucoup mais il faut tout prendre au 57ème degré. Les sentiments du spectateur sont bousculés à chaque instant, on passe de la compassion (scène de la nuit à l'hopital) à la haine (l'hébergement dans une famille allemande excédée) en passant par l'hilarité amère (les deux à la plage). C'est la grande force du film, c'est une immersion totale dans les difficultés des deux paraplégiques, grâce aussi à l'utilisation d'une caméra au poing. Les dialogues sont peu nombreux et accentuent le rapprochement aux personnages (d'ailleurs, il n'y a à aucun moment de sous-titres malgré les rencontres avec des étrangers, de quoi comprendre dans quelle merde ils se sont englués).

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Benoît Delépine et Gustave Kervern applique certaines techniques grolandais, à savoir l'apparition de "guests", c'est-à-dire de personnes célêbres qui acceptent de jouer dans le film (et ici pour rien). On voit alors un Benoît Poelvoorde en amateur de moto-cross d'une rare violence verbale avec un handicapté (voir ici), Aki Kaurimäki en patron de l'usine finlandaise, Noel Godin en clochard, Jason Flemyng qui se fait piquer sa moto de compet' ou encore le président grolandais Christophe Salengro en bon samaritain. Bref, des apparitions qui nous donnent le sourire tant les caricatures sont amusantes et farouches.

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Que dire de plus ? Aaltra s'est baladé de festival en festival dans toute l'Europe en raflant par-ci par-là une récompense : le prix PIPESCI à Londres, prix du Public et prix Cinemagia au Festival International du Film de Transylvanie à Cluj (Roumanie). Un film en noir et blanc comme on en voit rarement qui ne plairait pas seulement aux fans de Groland (il n'y pas de trash cependant) mais aussi à tous les amateurs d'humour acerbe. Aaltra est une comédie dramatique des plus originales qui méritait plus de reconnaissance au cinéma. A voir sans hésiter !


Kaal

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