lundi 29 juillet 2013

La Grande Séduction

Le Bon-Film-Pas-Très-Connu-du-Mois de Juillet est :




Sorti le 11 juillet 2003 au Québec et le 28 avril 2004 en France

Réalisé par Jean-François Pouliot

Avec Raymond Bouchard, Daniel Boutin, Benoit Brière...

Nationalité québecoise

Genre : La poisson a mordu, maintenant il faut le ferrer !

Durée : 1h50




A Sainte-Marie-La-Mauderne, un petit village portuaire, les habitants, autrefois de fiers pêcheurs, sont maintenant contraints de vivre des allocations gouvernementales. Au fil des chèques de prestations sociales, la fierté des villageois s'effrite et laisse place à la morosité, la torpeur et le désespoir.
Après le départ du maire vers la grande ville, Germain, un des habitants, décide de prendre les choses en main. Afin de répondre aux exigences d'une entreprise qui cherche à y implanter une petite usine, il doit attirer un médecin dans le minuscule patelin. Or qui oserait venir se perdre dans une bourgade aussi reculée ?






C'est quoi ce film ?

Attachez vot' tuque avec d'la broche, je m'en va vous clavarder d'un film qui sent bon le Québec !
(bon l'intro qui ressemble à du québecois, c'est fait. Je peux arrêter maintenant. Déjà que je pige pas des masses)


Pour tout vous dire, j'aime beaucoup les comédies mais je suis très difficile avec ces films. Il en faut pas mal pour me décrocher un fou rire. Genre les comédies potaches façon Owen Wilson, c'est non. Les Kev Adams, Elie Semoun ou encore José Garcia, c'est non. Et par moment, dans ce tourbillon insipide de comédies, on peut tomber sur quelques pépites. Cette Grande Séduction en fait partie. 

Outre son allure de Bienvenue chez les Ch'tis avant l'heure, le scénario de cette comédie un poil barré est superbement écrit. Et ce n'est pas étonnant quand on voit le nom du t'chum qui le signe : Ken Scott. Ni plus ni moins que le réalisateur de Starbuck, une superbe comédie qui a bien marché en France l'année dernière. On y suivait un pauvre type qui découvrait qu'il était le géniteur de plus de 533 enfants par voie artificielle (ouais le bonhomme allait se masturbé contre du fric). A noter (ou à vomir), un remake de Starbuck appelé Fonzy sortira dans nos salles le 30 octobre prochain avec ... José Garcia. Je m'égare.
C'est pour vous dire que Ken Scott est vraiment un talentueux scénariste comme le prouvent ces deux métrages aux dialogues caustiques et soignés. L'accent québécois en rajoute pas mal aussi. Il faut bien 5 minutes pour bien comprendre les personnages et pour certains, ce n'est pas si simple. Cet accent a son charme et complète la force des dialogues, surtout ceux du vieux bougon Yvon ("On est dans la Maaarde..." "Tagooole !"). 



Le terrain de cricket, selon Sainte-Marie-la-Mauderne...



Le pitsch de départ est une base solide et originale. On est à Sainte-Marie-la-Mauderne, petite village de pêcheurs comptant 125 âmes (même s'ils se font passé pour plus de 200) coincé dans le fin fond de la Basse-Côte-Nord, au nord est du Canada. Une région paumée et dénigrée par l'ensemble des Québécois comme un coin reculé avec une population délaissée. Le tournage a eu lieu à Harrington Harbour, tellement petit que ce village a été regroupé avec trois autres, s'appelant maintenant Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent (1028 habitants, dont pas mal de personnes se tirent chaque année). Bref, autant vous dire que ça donne pas des masses envie d'y aller. Et c'est par cela que tout commence. Le village veut implanter une usine de plastique, mais pour cela, il leur faut un médecin permanent (clause obligatoire de l'investisseur). La tache s'annonce difficile. Pourtant, par un coup de pouce du destin ou plutôt une trainée de poudre, Christopher Lewis, chirurgien esthétique accepte de venir se terrer un mois à Sainte-Marie. Le poisson a mordu, maintenant il faut le ferrer. 


Désolé, mais il n'y a pas de Starbucks là bas.


Et les villageois vont tout, mais alors tout faire pour que le bonhomme se plaise. Enfin, lui faire croire au bien-être que procure Sainte-Marie-la-Mauderne. Outre un gros ménage, ils vont faire croire au médecin qu'ils aiment aussi son sport préféré, le cricket, qu'ils ont un site patrimonial, qu'ils aiment le jazz... Les villageois mettent même le médecin sur écoutes pour prévoir les changements ou corriger ce qu'il ne va pas. Ils vont ainsi connaitre tout de sa vie privée, ses préférences culinaires. Cette grande Séduction est une grande entreprise à haut risques orchestrée par le maire-intérimaire Germain dont la femme peut obtenir "une job en ville". Soit il sauve Ste-Marie, soit il se barre. Sa motivation est décuplé et il entraine tout le monde dans ce grand mensonge. Ces moments sont tous parfaitement mis en scène et pas si prévisibles que cela, mais cela est aussi dû au jeu des acteurs qui font très naturels. 

Devant La Belle et ses Princes (presque) charmants.


Raymond Bouchard jouant Germain, est superbe en sauveur de son petit trou paumé, avec une belle bonhommie et un déterminisme à tout épreuve. J'ai beaucoup aimé la performance de Pierre Collin dans le rôle d'Yvon, ce vieux pêcheur qui ressemble pas mal au capitaine Haddock que ce soit dans les colères ou dans le regard morne de pitanchard. Il est souvent confronté au banquier joué par Benoit Brière, un personnage gaffeur et pas franchement futé mais qui est attendrissant. Le médecin Christopher est interprété par David Boutin, s'il est efficace, il n'est pas aussi mémorable que les autres tant l'accent est donné aux membres du village tous passionnant dans leur petite vie. Je pense aux deux femmes de Germain et Yvon, chargées d'écouter les conversations du médecin, elles se passionnent pour les histoires de fesses (ou de pieds !) du jeune homme. Un casting très propre, joyeux, qui fait tout simplement plaisir à voir. On a presque envie d'aller les rejoindre. 

La Grande Séduction a connu un certain succès en 2003 au Canada, puis a eu droit à une présentation au Festival de Cannes le même année. Il ne sort que l'année suivante en France après avoir reçu de nombreux prix dans son pays d'origine. En effet, le film a remporté huit Jutra (l'équivalent canadien des Césars, avec un nom magnifiquement barbare) dont le prix de la meilleure actrice de soutien pour Clémence Desrochers, meilleur acteur de soutien pour Pierre Collin, meilleure direction de la photo pour Alan Smith, meilleure direction artistique pour Normand Sarrasin, meilleur son d'ensemble, meilleur montage, meilleurs costumes (création du prix à ce moment là) et enfin le Billet d'Or (décerné au film ayant fait le plus d'entrées). La Grande Séduction a quand même fait 500 000 entrées en France, ce qui n'était franchement pas dégueulasse. Il parait qu'un remake français a été tourné par Gérard Jugnot... Je propose de créer une loi afin d'interdire le remakage de bons films. 



Elle a pas tellement de culotte quoi.


Cette Grande Séduction est selon moi un très bon film qui mérite d'être connu de tous. On en ressort avec un beau sourire, celui d'avoir rencontré de formidables personnages et d'avoir partagé de nombreux rires chauds dans cette fraicheur québécoise. Moi j'ai été séduit et je suis sur que vous le serez également. Et puis si ça vous plait pas, j'm'en criss, je me dirais que vous êtes broche à foin ou que vous êtes trop en boisson. Mmh, ce film m'a tout de même d'me prendre une brou. A tantôt les t'chums !


Kaal


2 commentaires:

  1. Bonjour, j'avais vu ce film mais ne l'avais pas autant apprécié que je le voulais car j'avoue n'avoir pas compris 75% des dialogues, j'aurais aimé des sous-titres car le québécois en VO, ce n'est pas de la tarte.

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    1. Héhé, j'avais mis directement les sous-titres pour la première fois. Et après sans. On s'y habitue ^^

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